La Turballe : un plongeur abandonne sa bouée, d'importants moyens mobilisés

En mer, à terre et dans les airs, de nombreux services de secours ont été mobi­li­sés au mois de mai 2024 pour retrou­ver une personne en détresse après la décou­verte d’une bouée de plon­gée à la dérive. Pour rien. Son proprié­taire était rentré chez lui après qu’elle lui a échappé.

Vedette "SNS 254 Garlahy de la SNSM de la Turballe
Les sauveteurs ont effectué des recherches sur deux embarcations, dont la vedette SNS 254 Garlahy © Kevin Gergaud

Le soleil se couche sur la pointe du Castelli et ses saillies rocheuses, en ce samedi 11 mai. Instal­lés à son extré­mité dans le spec­ta­cu­laire séma­phore de Piriac-sur-Mer (Loire-Atlan­tique), des mili­taires ont les yeux rivés sur les eaux de la rade du Croi­sic. Voilà de longs moments qu’une bouée de plon­gée est immo­bi­li­sée, sans qu’ils n’aperçoivent le moindre plon­geur aux alen­tours. Ils décident d’aler­ter le centre régio­nal opéra­tion­nel de surveillance et de sauve­tage (CROSS) Étel, qui coor­donne les opéra­tions de secours en mer sur la façade atlan­tique.

« On sait que les bouées perdues entraînent souvent de fausses alertes, indique Gaëlig Batail, direc­teur adjoint du CROSS Étel. Mais une situa­tion pareille peut vouloir dire qu’il y a une personne en diffi­culté. Nous nous devons de lever le doute.  » Les opéra­teurs du CROSS contactent alors la station SNSM de La Turballe, la plus proche des lieux.

Cinq béné­voles embarquent en quelques minutes sur le semi-rigide SNS 737 P’tit Yaume. Ils trouvent la bouée, qu’ils remontent à bord. Heureu­se­ment, aucun plon­geur en détresse n’y est atta­ché. En revanche, « un poids était suspendu à la bouée, c’est pour cela qu’elle ne bougeait pas, indique Yvann Blan­chet, patron du SNS 737. On a aussi trouvé une pochette étanche, conte­nant une clef de voiture et une montre. Là, on a eu un gros doute. On s’est dit qu’il y avait peut-être vrai­ment quelqu’un en diffi­culté quelque part.  »

Sur la bouée : des clefs et une montre

Problème : la bouée ne comporte ni nom ni numéro de télé­phone. Aucun marquage. « Cette décou­verte est un élément d’inquié­tude en plus, note Gaëlig Batail. On ne peut contac­ter personne pour véri­fier s’il y a poten­tiel­le­ment quelqu’un en danger ou non. Et on ne laisse norma­le­ment pas partir ses clefs de voiture comme ça…  »

Le CROSS diffuse un message aux embar­ca­tions alen­tour pour qu’elles cherchent un éven­tuel plon­geur ayant besoin d’aide. Et déclenche d’im­por­tants moyens de secours : l’hé­li­co­ptère Dragon 56 de la Sécu­rité civile, le SNS 737 et la vedette SNS 254 Garlahy de la station de La Turballe. Une patrouille de pompiers et une de gendarmes sont aussi envoyées le long du litto­ral pour véri­fier que l’in­di­vidu ne s’est pas réfu­gié sur la côte. En tout, ce sont près de 20 personnes qui sont mobi­li­sées.

Les heures passent et la nuit tombe. « Un facteur de risque supplé­men­taire pour les équipes de recherche », souligne le direc­teur adjoint du CROSS Étel. Toujours aucune trace d’un quel­conque plon­geur en perdi­tion. « La nuit, cher­cher une tête qui dépasse de l’eau à la lumière des projec­teurs, c’est comme cher­cher une aiguille dans une botte de foin  », explique Yvann Blan­chet. En l’ab­sence de nouveaux indices et sans appel pour signa­ler un disparu, déci­sion est prise d’ar­rê­ter l’in­ter­ven­tion.

« Notre boulot, c’est de recher­cher des gens vivants »

Mais les secours n’ont pas dit leur dernier mot. Le lende­main matin, une fois le soleil levé, l’hé­li­co­ptère de la compa­gnie de gendar­me­rie de Saint-Nazaire décolle. D’un côté, la mer, de l’autre, les fameux marais salants de Guérande. « Notre boulot, c’est de recher­cher des gens vivants, lance Gaëlig Batail. Vu les condi­tions météo, un plon­geur en combi­nai­son a très bien pu survivre à une nuit passée dans l’eau ou sur un rocher. Nous devons conti­nuer les recherches. » L’ap­pa­reil sillonne la côte. Malgré plusieurs heures de va-et-vient, rien. Les recherches sont arrê­tées défi­ni­ti­ve­ment, même si le doute subsiste.

Devant l’am­pleur des moyens déployés, des médias locaux se sont fait l’écho des recherches. Plusieurs articles ont été publiés et les radios locales ont donné l’alerte. « C’est ce qui nous permet­tra de lever les doutes, explique Gaëlig Batail. Dimanche, vers 19 heures, le proprié­taire de la bouée a appelé après avoir lu un article sur l’opé­ra­tion le concer­nant. Il a expliqué que sa bouée lui avait échappé et qu’il était rentré chez lui sans le signa­ler au CROSS. »

Une omis­sion qui a eu d’im­por­tantes consé­quences : «  Onze béné­voles mobi­li­sés tout un samedi soir et une partie de la nuit pour rien, lâche Yvann Blan­chet. Mais ça fait partie du jeu, on le sait.  »

Nos sauve­­­­­­­teurs sont formés et entraî­­­­­­­nés pour effec­­­­­­­tuer ce type de sauve­­­­­­­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Marquez toujours votre matériel

Marquer votre équi­pe­ment est primor­dial pour permettre aux secours de lever les doutes ou de confir­mer une inquié­tude s’ils retrouvent ce maté­riel à la dérive. C’est même une obli­ga­tion légale pour les voiles de kite­surf ou de wind­surf.

Les Sauve­teurs en Mer vous recom­mandent de marquer votre équi­pe­ment de la manière suivante et de façon à ce que l’eau ne dégrade pas les inscrip­tions. Soit au feutre indé­lé­bile, soit avec une étiquette insé­rée dans un étui étanche : Nom - Prénom - N° de mobile - Adresse complète.

Et si vous perdre du maté­riel, pensez à préve­nir le CROSS afin que des recherches ne soient pas déclen­chées pour rien.

Équipage engagé

Vedette de deuxième classe
SNS 254 Garlahy

Patron : David Dous­set

Radio : Baptiste Lagré

Méca­ni­cien : Chris­tophe Tassis­tro

Équi­piers : Fabien Berce­geay, Yves Chereau, Patrick Corbeau

Semi-rigide
SNS 737 P’tit Yaume

Équi­piers :  Guillaume Alla­nic, Jona­than Benigue, Yvann Blan­chet, Cyril Brun, Marina San Jose

Article rédigé par Nico­las Sivan.